Le saviez-vous ? Aujourd’hui la dette…


Sept ans après que les financiers nous aient mis dans le pétrin et que la crise économique se soit transformée en crise de la dette, il s’agirait de faire le point sur ce qui a rendu les pauvres plus pauvres et les riches plus riches. Sept ans après la crise financière globale, la dette continue de plomber les économies du monde développé et de menacer les pays émergents

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Le saviez vous ?

La dette globale [secteur financier – gouvernements – entreprises – ménages] s’élevait à 199 000 milliards de dollars [199 000 000 000 000 $] au 2e trimestre 2014   soit 286 % du PIB global.

La dette publique des économies avancées a augmenté de 19 000 Milliards de dollars [19 000 000 000 000 $] en sept ans en passant de 73% à 112% du PIB pour l’ensemble des pays de l’ OCDE.

La dette publique de la zone Euro a augmenté de 3 600 milliards d’euros [3 600 000 000 000 €] en sept ans.

Selon le FMI plus de la moitié de l’augmentation de la dette publique depuis 2008 résulte de la perte nette des revenus budgétaires, provoquée par la chute brutale de l’activité et la perte de croissance qui en a découlé.

Toujours selon la même source, un peu moins de 10 % peut être attribué aux mesures de soutien du système financier par la dette publique.

Les 40 % restants de cette augmentation de la dette sont dus à la charge des intérêts occasionnés par la montée de la dette publique.

indicateurs 2014

Il y a des choses très intéressantes dans le tableau ci-dessus pour ceux qui savent (encore) lire et compter avec leur propre cerveau et qui ne tombent pas dans le piège du discours des « experts » économistes néolibéraux qui clament  » la dette, la dette, la dette, … » « et pour dire qu’il n’y a pas d’alternative (voir notre billet sur TINA) que la seule solution est le désendettement par l’austérité.

  • Première remarque, la dette française en 2014 n’est pas aussi catastrophique que les Cassandre de l’économie « orthodoxe » veulent bien nous le seriner à chaque détour de débat. Les chiffres de l’OCDE [colonne A] montrent qu’à 95% du PIB nous sommes un peu en dessous de la moyenne des principaux pays développés et de la zone Euro (96%).
  • Seconde remarque, si notre croissance réelle du PIB en 2014 reste faible [colonne B] à 0,4% , au niveau de celle du Japon, elle reste positive, contrairement au taux de l’Italie. Notre inflation [colonne C] est en dessous de la moyenne de la zone Euro et de nos grands partenaires économiques ainsi que le taux d’intérêt que nous payons sur notre dette.

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Mais finalement ce qui est le plus intéressant avec ces chiffres du tableau, c’est ce que l’on peut en tirer pour l’avenir du désendettement. En l’état des choses et avec les méthodes employées, pouvons nous faire diminuer la dette ? C’est Alternatives Économiques qui nous donne une formule assez simple pour des économistes de comptoir qui nous permet de le savoir.

La soutenabilité de la dette dépend de l’écart entre le taux de croissance de l’économie et le taux d’intérêt payé sur la dette. Si le solde primaire du budget (celui qui exclut les charges d’intérêt) est égal à zéro, la condition suffisante pour que le taux d’endettement baisse est que le taux de croissance nominal du produit intérieur brut (PIB) soit supérieur au taux d’intérêt moyen versé sur la dette publique.

Solde primaire du budget [colonne G] : C’est ce que madame Merkel surveille de près et pour lequel nos dirigeants augmentent les recettes [impôts] et essaient de diminuer les dépenses : services publics, santé, éducation, solidarité [prestations sociales], etc.

Taux de croissance nominal [ colonne D ]

Taux d’intérêts moyen sur la dette [ colonne E ]

Le calcul a été fait dans la colonne F.

On voit avec ce tableau que nous sommes encore loin, et nous ne sommes pas les seuls, d’aller dans le sens du remboursement ou de la diminution de la dette. Mais alors quid de la méthode préconisée depuis bientôt sept ans par les autorités européennes ? Laissons Sandra Moati, économistes à Alter Eco nous expliquer cela :

Si le solde primaire est négatif à hauteur de 2 % du PIB, comme dans le cas de l’Espagne ou de la France, la dette ne diminuera en proportion du PIB que si la croissance nominale du PIB est supérieure de deux points au taux d’intérêt effectif sur la dette (voir tableau). Or, pour la zone euro dans son ensemble comme pour la plupart des Etats membres, à l’exception notable de l’Allemagne et de l’Irlande, l’écart entre le taux croissance et le taux d’intérêt reste insuffisant, ce qui garantit une progression du taux d’endettement.

La première possibilité consiste à dégager des recettes suffisantes pour rembourser progressivement la dette. Ces recettes sont censées provenir des excédents budgétaires primaires (*) et, dans une moindre mesure, des privatisations. Ce scénario, défendu par les autorités européennes, est pourtant bien improbable.

Tout d’abord, le niveau d’excédent budgétaire requis dépend de la croissance du produit intérieur brut (PIB) . Or, parvenir au niveau en question aurait le plus souvent un effet dépressif marqué sur l’activité. L’Italie, par exemple, dégage un excédent primaire depuis 2010, mais il reste insuffisant pour stabiliser sa dette. Faudrait-il aller plus loin ? Non, car cela affaiblirait encore l’activité et rendrait donc l’objectif de désendettement plus difficile à atteindre : en voulant réduire la dette, on l’augmenterait ! La zone euro est coutumière de ce cercle vicieux.

En outre, à supposer qu’on parvienne à dégager l’excédent primaire requis, il faudrait le maintenir pendant de longues années. Le pacte de stabilité prévoit de ramener ce déficit à 60 % du PIB, au rythme annuel d’un vingtième de la différence entre cette cible et le niveau de la dette [1]. Autrement dit, il prévoit vingt ans d’austérité budgétaire généralisée continue ! Des efforts d’une telle ampleur, sur une durée aussi longue, seraient sans précédent. Les quelques pays qui sont parvenus à dégager durablement des excédents primaires importants ont bénéficié de circonstances extérieures favorables sur lesquelles les pays de la zone euro ne pourront pas compter.

Quant aux ventes d’actifs publics, elles ne peuvent apporter qu’une contribution limitée au désendettement. Selon Eurostat, les actifs financiers publics représentent 38 points de PIB de la zone euro en 2013. 16 points de PIB correspondent à des actions d’entreprises éventuellement cessibles. Ce n’est pas à la mesure du problème, si tant est que vendre les bijoux de famille soit une bonne façon de réduire la dette. Face à l’échec prévisible de cette stratégie, des options plus radicales doivent être envisagées. [Alternatives Économiques mars 2015 ]

* Excédents primaires : solde des recettes et des dépenses d’un Etat, hors paiement des intérêts de la dette publique.
[1] Avec 100 % du PIB de dette, comme c’est le cas de la France, il faut réduire la dette de 2 points de PIB par an.

Comme le comprendront ceux qui sont arrivés jusque là, la méthode employée, et appliquée avec plus ou moins de rigueur jusqu’à présent, ne pourra pas résoudre la crise de la dette. Même la Grèce où les mesures les plus drastiques ont été prises depuis plus de 5 ans (*) a vu sa dette s’envoler et passer de 100% du PIB en 2005 à 175,1% en 2014 !

(*) Baisse du salaire minimum de 25% et de 32% pour les moins de 25 ans – Les fonctionnaires les mieux payés (environ 2 200 € ) on vu leur salaire amputés de 40% – Budget de la Santé amputé de presque 50% – Baisse des retraites – Privatisations des entreprises d’Etat : eau, gaz, pétrole, jeux, également du port du Pirée, etc. …

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Il est clair, malgré ce qu’en dit madame Merkel et les signataires du pacte de stabilité initié par le duo Merkel-Sarkozy, que cette méthode est vouée à l’échec non sans avoir torturé pendant un temps indéfini les populations européennes qui, au fond, ne sont vraiment pour rien dans les causes de la crise, même si on a voulu les culpabiliser et les rendre responsables de cet état de fait.

À propos de poltechno

Avec l'âge on radote et on parle tout seul... Comme il n'y a plus de bistrot dans mon quartier je me suis créé un bout de comptoir virtuel sur le Net histoire de refaire le monde...

Publié le 27/03/2015, dans économie, et tagué , , , , , , , , , , , , , . Bookmarquez ce permalien. 10 Commentaires.

  1. c’est bien de le dire, de le redire encore et encore. Ça déjà été dit et au tout début des tortures infligées à la Grèce. Mais ça ne suffit pas, et ça n’explique pas pourquoi nous gouvernants continuent à appliquer la même connerie jour après jour

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    • effectivement tchoo,

      c’est ça qui est surréaliste et incompréhensible.

      Enfin, peut être pas si incompréhensible que ça si on pense que les décideurs ont toute leur tête. Il faudra gratter du coté  » à qui profite le crime  » dans un prochain apéro, ça devrait être intéressant.

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  2. pourquoi veulent ils tant rester en place si ce n est que leur intéret y est pour quelque chose….l Amour du pays je n’y crois pas beaucoup

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  3. J’ai malheureusement bien peu de connaissance en économie, aussi je pose simplement la question : l’Islande, qui a été durement touchée par la crise, essaie-t-elle de lutter contre cet effet de dette publique en annulant les prêts immobiliers de ses citoyens (cf : http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20131202trib000798843/l-islande-va-effacer-une-partie-de-la-dette-des-menages.html) ?

    Qu’on soit d’accord ou non avec cette méthode qui en vaut certainement d’autres…

    Merci pour votre réponse !

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    • Bonjour Emilie,
      On viens de rater une info détaillée sur l’Islande en zappant sur plusieurs sites. (sniff) mais on devrait le retrouver ( historique de navigation) pour être plus complet sur le sujet.

      En gros, dans mon souvenir,la lecture en diagonale du sujet montre qu’une alternative est possible et qu’elle a été employée par l’Islande avec succès.

      Dès que nous aurons les infos que nous pourrons croiser avec des statistiques officielles on fera un billet au coin du comptoir.

      Cordialement

      le taulier

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  4. L’auteur devrait prendre quelques cours d’économie : la dette est mauvaise. Car cela veut dire que l’on vit à crédit, donc que l’on dépense plus qu’on gagne. Et de toute façon il faudra bine finir par payer !!!

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    • bonjour Daniel,

      L’auteur est un économiste de « comptoir » bien sûr mais après tout certains « experts pourraient s’y accouder. L’auteur ne dit pas que la dette est bonne mais que simplement en regardant les chiffres de l’OCDE, aucun pays fonctionne sans dette. Même le Quatar ( 34 % de son PIB en 2011 ) est endetté et ne parlons par du Japon ( 229,77 % du PIB en 2011 ) qui continue à vivre comme tous les autres.

      La confusion vient peut être de la comparaison faite habituellement de la dette d’un ménage et de la dette d’un Etat. Le ménage au bout d’une période définie solde le capital et finit de payer les intérêts. Les Etats ne remboursent pratiquement jamais le capital, ils réempruntent à l’échéance du prêt augmenté du déficit ou diminué de l’excédent éventuel. C’est la dette perpétuelle qui existe depuis au moins le XVIe siècle.

      Le véritable inconvénient de cette dette qui a fait la sécurité financière des rentiers du XVIIIe jusqu’à la première guerre mondiale est qu’aujourd’hui cette dette, en Europe au moins, n’est plus gérée entre l’Etat et sa banque nationale mais est sur le Marché. Donc la dette est entre les mains du Marché et leurs agences de notations ( si fiables !) qui peuvent modifier à leurs guises les taux d’intérêts qui sont le véritable facteur de risque.

      Donc votre dernière remarque  » il faudra bien fini par payer  » n’est pas exacte. Il faudra toujours payer les intérêts, mais le remboursement du capital, avec ce que les « experts » de comptoir ont vérifié, sera reporté aux calendes grecques si l’on peut dire…

      Merci de suivre notre modeste blog et au plaisir d’échanger très bientôt.

      Pol Techno

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